L’édifice
Dimensions intérieures : 40 m x 15 m
Dimensions extérieures : 43 m x 16,50 m
Soubassement de grès, pierres de Beaumetz
Nef de cinq travées à deux niveaux d’élévation (grandes arcades et fenêtres hautes) accostée de bas-côtés.
Deux chapelles basses forment le transept
Chœur d’une travée droite, flanquée d’une sacristie au sud et treminé par une abside à quatre pans.
Le clocher repose sur la croisée (du transept).
Les arcades de la cinquième travée sont murées, la croisée est cloisonnée au nord comme au sud et communique avec les croisillons par deux portes surbaissées.
Les quatre premières travées de la nef sont couvertes d’un berceau brisé lambrissé, alors que des voûtes d’ogive dotées de liernes couvrent la cinqième travée, la croisée et le chœur. La cinquième travée, qui a subi d’important remaniements, diffère donc des quatre premières et s’intègre à la partie orientale de l’édifice (Croisée et chœur) par son cloisonnement latéral et son voûtement.
La façade (ouest)
Simple façade-écran sans caractère monumental compte tenu vraisemblablement de la trop grande proximité du château, elle est divisée en trois niveaux par deux larmiers. Deux demi-pignons ferment les bas-côtés. La porte, voûtée en anse de panier est encadrée par deux pilastres qui supportent un entablement lisse et un fronton triangulaire.
Au milieu de la place de la baille, s'élève l'église collégiale de Saint-Martin, ancienne chapelle castrale dont le Chapitre, composé à l'origine de huit chanoines et d'un doyen, avait été fondé en 1066, par Eustache de Picquigny. vidame d'Amiens et ses frères : Jean et Hubert.
Construit en pierres du pays, avec soubassements de grès et liturgiquement orienté, cet édifice religieux en forme de croix latine, possède une nef du XIIIe et une abside du XVIe. Des modillons à crochets sont espacés le long des corniches extérieures de la nef. Le transept remonte au XIIe siècle. Le croisillon nord a conservé deux ouvertures en plein-cintre. Au croisillon sud, la fenêtre a été refaite au XVIe siècle.
La façade occidentale, avec son porche de style grec, n'a conservé de sa construction primitive que la partie médiane, dont la rosace est depuis longtemps aveugle. La pointe du pignon a été remaniée.
Au-dessus de la croisée du transept, se dresse la haute, tour carrée du clocher, dont la base appartient au XIIIe siècle. Sur la face méridionale qui domine le rempart, deux archères de 1,20 m. sur 0,15 m. s'élargissent à l'intérieur en ébrasements très prononcés. En 1940, deux obus avaient éventré le clocher.
L'étage supérieur, du XVIe siècle, ajouré de larges baies à remplages flamboyants, sert de support à une pyramide d'ardoises à 4 pans, renfermant trois cloches fondues en 1869 et deux plus petites, dont une de 1663. L'escalier du clocher est aménagé dans une tourelle, à l'angle du bas-côté et du croisillon nord.
Le 11 mai 1950, un incendie allumé par des enfants imprudents détruisit les combles de la nef qui, dans leur chute provoquèrent d'importants dommages à la partie occidentale, au pignon nord du grand portail. En 1959, la toiture fut reconstruite en tuiles plates cuites au four. Les murailles des bas-côtés, de la façade occidentale avec la rose centrale, les demi-voûtes des bas-côtés furent restaurées.
On entre dans l'église par un portail latéral du XVIIe siècle couronné d'un fronton de style classique. Le bas-côté nord date de la même époque ainsi que la façade principale.
Placés au centre du même collatéral, les Fonts Baptismaux de l'église consistent en une vaste cuve rectangulaire en pierre et datent du XVe siècle. Au-dessus du socle, ses flancs sont décorés de nombreux panneaux sculptés et surmontés d'accolades que couronnent des fleurons de choux frisés.
À l'extrémité du collatéral nord, une trappe s'ouvre sur un escalier donnant accès dans un souterrain de 25 mètres de long, sur 3,70 m. de large et 3,05 m. de haut. C'est une ancienne cave donnée au Chapitre, par les Vidames de Picquigny.
Son sol est à 8 m. de profondeur. On y accédait autrefois par un couloir encore visible sur 8 m. (31) aboutissant vers l'angle N.-E. du château et dont la voûte est effondrée.
Une autre cave suit une direction oblique.
La grande nef du XIIIe siècle, très élancée, est éclairée par d'étroites fenêtres en arc brisé, bordées à l'extérieur d'un tore et d'un biseau et pourvues de larges ébrasements à l'intérieur.
Les cinq travées de la nef, amorties en tiers-point et à moulures toriques, reposent sur des piliers cruciformes cantonnés de colonnes engagées, aux chapiteaux ornés de crochets et de feuilles d'eau.
Pour offrir plus de résistance à la poussée du clocher, le duc de Chevreuse fit renforcer, en 1699, les piliers qui soutenaient la tour et murer les arcades latérales du transept et de la dernière travée de la nef, qui furent couvertes d'une voûte sur croisée d'ogives, avec liernes.
Les croisillons du transept remontent à la période romane, mais leurs voûtes à nervures prismatiques sont flamboyantes.
Dans la dernière travée du bas-côté sud reconstruit au XIXe siècle, existe une large dalle gravée au trait au-dessus d'une crypte à double nef, dont la voûte repose sur -deux piliers carrés (33).
Ce caveau qui servait de sépulture aux seigneurs de Picquigny mesure 4,50 m. sur 4,40 m. et 2,10 m. de haut.
La chapelle Saint-Sébastien, qui était jadis sous le vocable de Saint-Vincent, était réservée au Vidame et à sa famille, à titre de Chapelle castrale.
La statue de Saint-Martin porte dans la main, une petite église.
Le sol était couvert de pierres tombales. Elles sont en pierre bleue, gravées au trait, avec la tête, les mains et les, pieds des personnages en marbre blanc.
Le chœur, rebâti au XVIe siècle, se compose d'une travée, dont les fenêtres sont actuellement bouchées et d'une abside polygonale terminée par un pilier d'angle et éclairée par quatre haies en tiers-point, sans meneaux. Cette partie de l'édifice est voûtée, comme le transept, sur croisée d'ogives, avec liernes. Seule la voûte du croisillon sud, où l’on peut voir les Armes de Picquigny, est à liernes et tiercerons.
On a transféré au fond de l'abside, au bas d'un rétable du XVIIe siècle, que surmonte une Vierge en albâtre, l'épitaphe de Charles d'Ailly — † 1698 — et d'Elisabeth le Féron, son épouse — † 1699 — , avec ce distique à la louange du défunt, qui fut gouverneur de Bretagne :
FERVENTEM ARMORICAM POST ANNÆ FURERA
REGIT CONSILIO POPULOS COMPRIMIT INDOCILES
Un somptueux maître-autel en marbre rouge, de style Louis XV, accompagné d'une crédence de la même époque, complète la décoration du sanctuaire, où l'on rencontre encore plusieurs châsses en bois doré et deux stalles du XVIe siècle ornées d'un beau vieillard barbu et d'un diable cornu.
L'édifice mesure, à l'intérieur, 40 mètres de long sur 15 mètres de large, dans la nef.
L'église de Picquigny et les ruines du château sont classées parmi les Monuments Historiques.
Un piédestal nommé Pierre de saint Firmin, rappelle l'endroit où le premier évêque d'Amiens, d'après la tradition, aurait évangélisé la contrée (à l'extrémité de la rue des Chanoines vers la Place).